En début d’année 2025, le studio d’animation Andarta Pictures, basé à Bourg-lès-Valence, a été placé en redressement judiciaire par le Tribunal de Commerce de Romans. Cette décision, officialisée le 26 mars 2025, faisait suite à une cessation des paiements datée du 28 février 2025 (source : BODACC). À l’origine de cette situation critique ? Un conflit financier majeur autour de la production de la série Lana Longuebarbe, co-produite avec Zephyr Studios.

Comme l’explique le média spécialisé 3DVF, le studio a accumulé des dettes importantes après que le client, Zephyr, ait rompu le contrat et cessé ses paiements, laissant Andarta (chargé de la fabrication de 39 épisodes pour un budget de 2,9 millions d’euros) sans trésorerie suffisante pour honorer ses engagements, notamment les salaires de près de 80 employés. Sophie Saget, fondatrice et dirigeante d’Andarta, a décrit cette période comme « la plus dure de toute [sa] carrière », soulignant que le studio avait avancé plus de 500 000 € de sa propre trésorerie pour tenter de sauver le projet.
« On a fait tout ce qui était possible pour les équipes. On a même proposé de payer une partie des salaires sur nos fonds personnels, malgré les conseils contraires de nos avocats et de notre directeur financier. » — Sophie Saget, fondatrice d’Andarta Pictures
La fin abrupte de Lana Longuebarbe a provoqué une onde de choc au sein des équipes. Un collectif, surnommé « La Barbe », s’est formé pour dénoncer les conditions de travail et la gestion du projet. Plusieurs salariés ont porté l’affaire devant les prud’hommes, accusant le studio de licenciements déguisés et de manquements aux obligations légales.
« Nous, professionnel·les du film d’animation, exigeons de pouvoir exercer notre métier dans des conditions décentes. La précarité et l’intermittence ne doivent pas devenir des armes contre nous. » — Extrait de l’appel du collectif La Barbe
Le collectif a organisé un rassemblement à Annecy le 11 juin 2025, soutenu par des syndicats comme le SPIAC-CGT et Les Étincelles, pour alerter sur les dérives du secteur et la précarité des intermittents. Environ 100 à 150 personnes y ont participé, brandissant des slogans comme « Crise & abus : les salarié·es en ont ras la barbe ! ».

Ankama à la rescousse : un rachat stratégique
C’est dans ce contexte tendu qu’Ankama, a annoncé le 11 août 2025 l’acquisition d’une majorité des parts (51%) d’Andarta Pictures. Cette opération permet au studio de sortir du redressement judiciaire et de poursuivre ses activités, notamment la production de la série La Quête d’Ewilan, adaptée des romans de Pierre Bottero, mais aussi de relancer le projet Baïdir (2012) ?
Anthony Roux, fondateur et directeur créatif d’Ankama, a salué cette alliance comme « une évidence artistique » :
« Cette union rassemble deux studios qui partagent une même vision : celle d’une animation indépendante, exigeante et porteuse de sens. Ensemble, nous voulons créer des sagas fortes, à la croisée de l’aventure et de la quête de soi. »
Sophie Saget, quant à elle, a exprimé son soulagement :
« Après un premier semestre difficile pour Andarta Pictures, toute l’équipe se réjouit de rejoindre le groupe Ankama ! Leur confiance et leur soutien nous permettent de maintenir nos ambitions et d’aborder l’avenir avec sérénité. »
Ce rachat n’est pas une première entre les deux studios. En 2023, Ankama et Andarta avaient déjà collaboré sur la mini-série Lance-Dur, diffusée sur ADN et France.tv Slash. Ce projet, à mi-chemin entre humour et aventure, avait permis aux deux équipes de tester leur complémentarité créative et de poser les bases d’une collaboration plus ambitieuse.
Quelles conséquences pour La Quête d’Ewilan ?
La série La Quête d’Ewilan, en production depuis plusieurs années, était menacée par les difficultés financières d’Andarta. Grâce au rachat, sa fabrication peut se poursuivre, avec une première saison de 8 épisodes prévue pour décembre 2025 ou début 2026, diffusée sur France Télévisions, la RTBF (Belgique) et la RTS (Suisse).
Ankama et Andarta prévoient également de co-développer de nouveaux formats, aussi bien autour de licences existantes (Dofus, Wakfu) que de créations originales. Une synergie créative qui pourrait bien redynamiser le secteur de l’animation française, alors que de nombreux studios peinent à surmonter la crise.
Parmi les projets sauvés par ce rachat, Baïdir occupe une place particulière. Cette série, imaginée comme « une fable écologique moderne et un space opera animé » pour les 6-10 ans, a été reprise par Andarta Pictures en 2020 après une première tentative avortée chez Ankama. Le projet, porté par Slimane Aniss, Thierry Rivière et Charles Lefebvre, a bénéficié d’une campagne Kickstarter réussie en 2024, récoltant 37 602 € grâce à 806 contributeurs.
« Baïdir est pour moi le projet d’une bonne partie de ma vie, le genre de projet qu’on ne se résout pas à ranger dans un tiroir. » — Slimane Aniss, co-auteur et réalisateur de Baïdir
Avec le soutien d’Ankama, Andarta peut désormais (hypothèse) finaliser le développement des 9 premiers épisodes et trouver des diffuseurs pour cette série ambitieuse, qui mêle aventure spatiale et enjeux écologiques.
Ce rachat intervient dans un contexte de crise généralisée pour l’animation française, marquée par des fermetures de studios, des licenciements massifs et une concurrence accrue. L’exemple d’Andarta montre que des solutions existent, à condition de repenser les modèles économiques et de soutenir les studios indépendants. Cela s’inscrit pleinement dans la stratégie d’expansion d’Ankama, qui continue de tisser un vaste écosystème créatif en multipliant les participations dans des studios d’animation aux profils variés. Déjà forte de son propre studio interne, Ankama Animations, fondé en 2007, l’entreprise a récemment accéléré ses investissements.
En juin 2024, elle a pris une participation minoritaire dans Inthebox, studio 3D et VFX basé à Annecy, réputé pour des œuvres telles que The Inventor et Even Mice Belong in Heaven, afin d’optimiser ses pipelines de production et d’intégrer de nouvelles expertises en 3D. La même année, Ankama a noué un partenariat avec le vétéran Guillaume Dubois pour créer Studio Unagi à Montréal, mutualisant ainsi les ressources et ouvrant la voie à un catalogue de projets plus diversifié.
Enfin, dès 2021, Ankama avait investi dans Mash&Co, studio italien spécialisé dans les contenus éducatifs et interactifs pour enfants, mêlant animation, applications et storytelling ludique pour développer les compétences émotionnelles des plus jeunes.
Avec ce partenariat, Ankama confirme son ambition de devenir un acteur majeur de l’animation, tout en préservant l’identité créative d’Andarta. Pour Sophie Saget, l’objectif est clair :
« L’objectif d’Andarta, nous explique Sophie Saget, est de livrer comme prévu les épisodes d’Ewilan au second semestre, d’améliorer la trésorerie, de ne surtout générer aucune nouvelle dette. »
Une nouvelle page s’ouvre donc pour Andarta Pictures. À suivre de près !
Communiqué de presse
Le studio Ankama, créateur des univers transmédia DOFUS et WAKFU, annonce sa prise de participation majoritaire (51 %) dans le capital d’Andarta, studio d’animation indépendant basé à Valence, reconnu pour son exigence artistique et sa capacité à porter à l’écran des récits visuellement et narrativement puissants.
Cette entrée au capital marque la sortie officielle d’Andarta de son redressement judiciaire et assure la poursuite de ses activités, notamment la fin de la production en cours de l’adaptation animée de La Quête d’Ewilan, d’après l’œuvre de Pierre Bottero.
« Cette alliance unit deux studios qui partagent une même vision : celle d’une animation indépendante, exigeante, porteuse de sens. Ensemble, nous voulons créer des sagas fortes, à la croisée des chemins entre aventure et quête de soi. C’est un nouveau chapitre, à la fois créatif et structurant, qui s’ouvre avec Andarta. Une évidence artistique, mais aussi une décision stratégique tournée vers l’avenir », explique Anthony Roux, fondateur et directeur créatif d’Ankama.
Un rapprochement naturel entre deux studios d’univers
Cette prise de participation signe un rapprochement éditorial et artistique profond. L’univers poétique et fantastique d’Ewilan rejoint ainsi une galaxie d’histoires déjà riche, portée par Ankama depuis plus de 20 ans.
« Après un premier semestre difficile pour Andarta Pictures, toute l’équipe se réjouit de rejoindre le groupe Ankama ! Leur confiance et leur soutien nous permettent de maintenir nos ambitions et d’aborder l’avenir avec sérénité », souligne Sophie Saget, fondatrice et productrice du studio Andarta.
Les deux entités annoncent déjà leur volonté de co-développer de nouveaux formats autour de licences existantes ou originales, dans une logique transmédia fidèle à l’ADN d’Ankama.
Ewilan en figure de proue
Premier projet porté par cette synergie : l’adaptation animée de La Quête d’Ewilan, saluée pour la qualité de sa direction artistique et sa fidélité à l’œuvre originale. Le soutien d’Ankama ouvre de nouvelles perspectives de production, de diffusion, et de développement narratif.